vendredi 8 novembre 2013

Journée d'étude J - 21

Carole KOCH, accompagnée de Mélissa SCANDOLERA, nous présentera le 29 novembre prochain une intervention portant sur : Le « Projet de valorisation des archives de l’ancienne Poudrerie de Saint-Chamas » : les archives au cœur d’un projet de valorisation patrimoniale.


Biographie

Carole KOCH est urbaniste, diplômée de l’Université d’Aix-Marseille (CEDERS, Faculté d’économie, 2000) et de l’Université de Parix XII (Institut d’Urbanisme de Paris, 2005). Depuis plus de dix ans, elle intervient en tant qu’expert du développement économique et touristique des territoires aux côtés des acteurs publics.

Chercheur associé de 2009 à 2012 au sein du laboratoire insARTis (interdisciplinarité en situation de projet) de l’école nationale supérieure d’architecture de Marseille et chercheur indépendant depuis, ses travaux portent sur la réhabilitation et la reconversion du patrimoine industriel comme outil de développement économique et touristique territorial.



Elle a contribué à plusieurs projets de recherche nationaux et européens (Programme européen CAPACities : étude pour le positionnement de zones d’activités commerciales et industrielles en déclin dans le secteur des Alpes) et a lancé en 2011 le Projet de valorisation des archives de l’ancienne Poudrerie Royale de Saint-Chamas – Miramas (Projet Poudrerie) un projet de recherche-action en faveur de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine historique et industriel du site auquel elle se consacre à temps plein depuis début 2013.


Présentation de l'intervention

La Poudrerie de Saint-Chamas, située sur la rive Nord de l’étang de Berre (Bouches-du-Rhône) est créée en 1690 par Louis XIV. Ce gigantesque complexe industriel de près de 135 hectares, consacré à la fabrication de poudre noire puis d’explosifs, ferme en 1974. Démantelé puis laissé à l’abandon, il est racheté par le Conservatoire du Littoral en 2001. Depuis lors, il fait l’objet d’un positionnement principalement centré sur sa dimension « naturelle », malgré une demande importante des publics (habitants, enseignants, communauté scientifique) avides d’accéder aux richesses patrimoniales et mémorielles de ce site unique en Europe.

En 2011, un groupe de chercheurs et de professionnels du domaine de l’aménagement, rassemblés au sein d’une association, décide de développer un projet visant à promouvoir le patrimoine historique et industriel du site en s’appuyant principalement sur ses archives.

Pour atteindre cet objectif, l’association travaille à la réalisation d’une plate-forme de ressources en ligne, comprenant des archives numérisées mais aussi des productions spécifiques de l’équipe du projet et ses partenaires, de la maquette en 3D d’anciens bâtiments aux recueils d’archives orales en passant par les panneaux et dispositifs d’expositions.

Le recours aux compétences complémentaires de collègues des domaines de l’archivistique et de l’histoire s’est rapidement révélé indispensable. Cette collaboration interdisciplinaire, qui s’exprime au sein d’un réseau de partenaires institutionnels, culturels, associatifs, universitaires et économiques, a permis d’importantes avancées depuis le démarrage du projet, notamment grâce à la signature de conventions avec les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône et le Centre des Archives de l’Armement et du personnel civil du Ministère de la Défense à Châtellerault.

Notre communication présentera tout d’abord la naissance du projet, en s’appuyant sur le site et son contexte, pour ensuite évoquer le travail important réalisé sur le corpus archivistique concerné et enfin, exposer les atouts d’une approche interdisciplinaire dans le cadre d’un prjet de valorisation patrimoniale s’appuyant sur des archives.


L’équipe est partie d’un double constat : d’une part, le peu de moyens consacrés jusqu’alors à la valorisation du patrimoine historique et industriel du site et d’autre part, la forte demande pour un accès à ce patrimoine dont peu de traces sont encore visibles, la plupart des 250 bâtiments du site ayant été rasés et les archives étant dispersées en plusieurs lieux de conservation (Archives Municipales locales, Archives Départementales des Bouches-du-Rhône, mais surtout Centre des archives de l’armement et du personnel civil du Ministère de la Défense, à Châtellerault).

Les architectes et urbanistes à l’origine du projet se sont donc rapprochés de collègues de disciplines complémentaires (archivistique, histoire, histoire des sciences et techniques, ingénierie…) pour constituer un réseau interdisciplinaire, rassemblé lors d’un séminaire organisé en 2012 à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille (dont les actes seront publiés dans un numéro spécial de Provence Historique, la revue de la Fédération historique de Provence, à l’automne 2013).

Depuis le démarrage du projet, un certain nombre d’étapes ont été franchies vers la réalisation de cet objectif ambitieux : repérage des fonds dispersés dans toute la France, classement du fonds des Archives Municipales de Saint-Chamas selon la norme ISAD/G et élaboration de l’instrument de recherche correspondant, création d’un site Internet informatif, numérisation d’une sélection de sources documentaires, mise en ligne de documents numérisés, élaboration d’un cahier des charges pour la conception de la plate-forme en ligne et consultation de prestataires. Outre des publications scientifiques, en France et à l’étranger, ainsi que la réalisation de plusieurs expositions, conférences, et cycles d’animations pédagogiques, l’équipe a également conçu une première maquette en trois dimensions de vestiges d’anciennes usines de production de poudre noire.

L’ensemble de ces productions suscite d’ailleurs l’engouement des publics ciblés (grand public, enseignants et communauté scientifique).

Les contraintes juridiques liées à la communicabilité des archives et à leur diffusion, les attentes différenciées de ces trois catégories d’utilisateurs et la complexité technique liée à la mise en place d’un portail de ressources en ligne constituent un défi que l’équipe du projet s’efforce de relever : une première version du site Internet devrait être proposée au premier trimestre 2014.

L’avancée du travail a pu être grandement facilitée par la signature d’une convention de partenariat entre l’association à l’origine du projet et le Centre des archives de l’armement et du personnel civil du Ministère de la Défense, à Châtellerault.

Une autre convention de partenariat a été signée avec les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône pour le recueil et le traitement conjoint d’archives orales ciblant d’anciens « Poudriers ». Cette collaboration entre l’association et le centre d’archives, qui se poursuit, permet d’élargir encore l’éventail des sources proposées aux différents publics.

Outre les partenaires institutionnels, culturels, associatifs et universitaires, le projet bénéficie depuis 2013 du soutien d’entreprises privées, dans le cadre de la réalisation d’une nouvelle exposition, portant sur la mémoire ouvrière.

La mise en œuvre de cette approche interdisciplinaire et « multi-acteurs », basée sur une exploitation poussée des archives, permet de valoriser le patrimoine historique et industriel d’un site quelque peu oublié que le milieu associatif local seul n’était pas parvenu, jusqu’alors, à promouvoir de manière durable vers un public large.


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