jeudi 16 octobre 2014

Journée d'étude J - 42


Il est temps de vous présenter l’intervention de Mylène Pardoen, « Archi’sons : la valorisation d’archives par le sonore ».
Docteur en musicologie, Mylène Pardoen est chercheur au laboratoire Passages XX-XXI (EA 4160) - Université Lumière - Lyon 2. Elle mène des recherches sur les ambiances sonores (militaires, urbaines, etc.) pour les périodes antérieures au XXe siècle, les musiques militaires, la symphonie française au XVIIIe siècle. Elle a participé à de nombreux colloques,  dont « History and the Senses » (colloque de la Society for the Study of French History - St John’s College, Durham du 10 au 12 juillet 2014) et « La ‘Voix du public’ Les Manifestations sonores du spectateur (théâtre, opéra, ballet, parades, etc.) en France aux XVIIe et XVIIIe siècles » (Université Sorbonne nouvelle - Paris 3 du 4 au 6 novembre 2013). Avec Louis Dandrel, elle a travaillé sur une commande du Musée de l’Armée : création d’ambiances sonores pour cinq batailles et sonorisation pour les lieux de passages et de détente de l’aile Orient de l’Hôtel des Invalides.
Cette communication s’appuie sur des projets de restitution d’ambiances sonores dont le projet Bretez, une reconstitution multimédia (3D et sonore spatialisée) de Paris au XVIIIe siècle, en cours de réalisation, et la fresque sonore actuellement diffusée au musée archéologique de la crypte Notre-Dame. Les exemples présentés sont issus de ces recherches.
La restitution ou la création d’un/e paysage/ambiance sonore du passé relève de ce que l’on peut nommer l’archéologie du paysage sonore. Elle répond à une demande spécifique : valoriser le patrimoine par le sensible et notamment par la perception auditive.
Si la muséographie commence à s’intéresser à cette science, d’autres filières-métiers pourraient bientôt suivre cette trace et notamment les archivistes. Faire de l’archéologie du paysage sonore, c’est mettre au service des archivistes une représentation audio qui respecte et témoigne d’une réalité afin de faciliter sa communication à un public de plus en plus friand de multimédia.
La demande atypique place le concepteur aux confins de la composition, de la musicologie et de l’histoire. Des règles très strictes en régissent la conception, un « simple » habillage sonore (sound design) n’étant pas satisfaisant. Pour le musicologue, pour le metteur en sons, ce travail est inhabituel. Les matériaux, les constituants sont inexistants : pas d’enregistrements disponibles pour les années antérieures à 1870.
Cette pratique du paysage sonore soulève, à son niveau, de nombreux problèmes épistémologiques et éthiques – notamment comment faire « parler » les archives ? Où s’arrête l’Histoire et où commence l’art ? Mais également quelles en sont les limites : représentation simple, témoignage de la réalité, fiction pure ? Quel mode de diffusion privilégier ? Pour quel public ? Ces réflexions tisseront le fil conducteur de cette présentation.

Pour en savoir plus sur le projet Bretez :

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